UNIVERSITÉ LIBANAISE

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines II

Département de Langue et Littérature Françaises

 

 

Projet de recherche

En

Linguistique de l’oral

 

Type et Genre de l’Oral :
le cas de la réunion

 

 

Préparé par Andrea Mounzer

Dans le cadre du cours intitulé Linguistique de l’oral donné par Rita Abdel Nour

 

 

FANAR

2019/2020

 


 

 


 

 


 

« Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences »

Françoise Dolto


 

Sommaire

Introduction. 1

I..... Les notions de type et genre entre discours écrit et discours oral 3

II... La réunion : un genre spécifique de l’oral 8

III. Analyse du corpus oral 18

Conclusion. 31

Références Biblographiques 33

Références sitographiques 33

Référence sitographique des deux corpus 34



Introduction

La parole est l’expression verbale de la pensée de l’être humain, au sein de la société, où il vit. Ce dernier se sert de sa langue individuellement dans son discours, afin de communiquer ses idées et ses réflexions à son destinataire. La parole n’est donc que l’actualisation de la langue, qui est l’ensemble des compétences phonétiques, morphosyntaxiques et lexico-sémantiques acquis chez chaque individu :

 Tout ce qui est amené sur les lèvres par les besoins du discours et par une opération particulière : c’est la parole. Tout ce qui est contenu dans le cerveau de l’individu, le dépôt des formes entendues et pratiquées et de leur sens, c’est la langue.[1]

 Cette dernière est une institution sociale, comme la qualifie Saussure, le père fondateur de la linguistique moderne[2]. Chaque personne use de son bagage linguistique et de ses compétences langagières dans sa communauté afin de transmettre un message[3]. Il construit par la suite des énoncés qui forment le discours, qui est selon A.H. Gardiner « l’utilisation, entre les hommes, de signes sonores articulés, pour communiquer leurs désirs et leurs opinions sur les choses » (Charaudeau Patrick ; Maingueneau Dominique, Février 2002, pp. 185-186). Il serait intéressant de souligner que le discours concerne directement la parole, c’est-à-dire la production des énoncés qui peuvent être écrits ou oraux dans une situation d'énonciation précise. Il est vrai que les linguistes s’intéressent, depuis longtemps, à l’analyse du discours comme étant une unité textuelle écrite, afin d’examiner l’évolution de la langue. Cependant, après les années 1960, les linguistes commencent à attribuer une importance majeure aux productions orales, c’est la linguistique de l’oral. Comme l’affirme Saussure, la parole se réalise au sein d’une société dans un but bien déterminé. Cette parole est unique à chaque langue. Toutefois, les linguistes essaient, dans leurs théories, de dévoiler les caractéristiques générales des interactions verbales, qui peuvent êtres communes à plusieurs langues. L’étude effectuée par Veronique Traverso et Catherine kerbrat-Orecchioni sera la référence de cette étude. L’objectif principal de cette dernière est de montrer la spécificité d’un genre particulier de l’oral, la réunion. Dans une première partie, il serait intéressant de clarifier les notions de type et genre, entre le discours écrit et le discours oral. Ensuite, une représentation des caractères généraux de la réunion occupera la deuxième partie, qui se divise en deux sous parties, afin de montrer la différence entre une réunion formelle et informelle. La dernière partie sera conservée à l’analyse du corpus choisi dans notre travail afin de mettre en mots la différence entre les deux genres de réunion déjà précisés.

 

 


 

 

                             I.             Les notions de type et genre entre discours écrit et discours oral  

La problématique des genres de discours est une question qui intéresse les linguistes depuis l’Antiquité. D’une part, D. Maingueneau et P. Charaudeau affirment dans leur Dictionnaire d’analyse du discours, que pendant cette époque-là, les genres discursifs se limitent à « l’épique, le lyrique, le dramatique, l’épidictique, etc. »[4]. D’autre part, ces deux linguistes expliquent que cette notion de genre commence à se spécifier dans les deux domaines judiciaire et politique, afin de répondre aux besoins du peuple qui veut se défendre : « la parole publique [devient] un instrument de délibération et de persuasion juridique et politique. »[5] Par conséquent, la parole publique se prononce par le biais des textes écrits, qui font l’objet d’étude des linguistes pour plusieurs années. Cette notion de genre de discours s’oppose depuis longtemps à la notion de type de discours, qui est considérée, d’un côté, comme la catégorie générale qui peut renfermer plusieurs genres. Les deux linguistes soulignent cette idée dans leur dictionnaire, en donnant l’exemple d’un discours de type politique, qui peut renfermer plusieurs genres comme « débats télévisés, tracts, programme électoral… »[6]. D’un autre côté, ils certifient que les « types de discours »[7] peuvent désigner l’organisation et la structuration interne, qui peuvent se présenter dans plusieurs textes, comme l’explique R. Bouchard. Ce linguiste se base par exemple sur le critère énonciatif[8], pour désigner les types de discours suivants : « intervention, discours écrits, réalisations orales ou écrites. »[9] Dans ce qui suit donc, il serait intéressant d’expliquer la différence entre ces deux notions, qui semble être floues, afin de les clarifier dans le cadre des deux discours, écrit et oral, puisque ces deux notions constituent les deux bases de cette étude.

 

                            1.             Différence entre « type » et « genre » de discours écrit

Selon P. Charaudeau et D. Maingueneau, les genres de discours permettent de faciliter le classement, entre prose et poésie, des textes littéraires écrits. Cette classification, se base sur des critères externes et internes qui régissent ces textes littéraires.  

Les deux linguistes estiment que les critères de différenciation peuvent, d’abord, concerner le fond et la forme d’un texte. Cela permet de distinguer quatre genres : « poésie, théâtre, roman, essai. »[10] Les critères donc qui correspondent à la forme et le fond d’un roman, diffèrent de ceux qui correspondent à un poème. Il est vrai que les deux peuvent être constitués de plusieurs parties séparées par un blanc typographique, mais d’autres critères inhibent l’entremêlement de ces deux genres. Le poème se caractérise par sa forme, sa division en strophe au lieu de paragraphe, comme dans un roman. Il se caractérise par sa versification, qui serait absente dans un roman, … Ils ajoutent : « Puis, à l’intérieur de ceux-ci, le sonnet, l’ode, […], pour la poésie ; l’épique, l’élégiaque, etc., pour le récit ; la tragédie, […], pour le théâtre. »[11] Ces critères externes et internes aboutissent alors à une variété de sous-classes comme : le sonnet, dans les textes poétiques, qui est composé de deux quatrains et deux tercets, alors que la ballade est un poème de trois strophes. Ensuite, les deux linguistes expliquent que les critères peuvent désigner une époque bien déterminée historiquement, en ce qu’elle porte des caractéristiques propres à elle[12]. Les textes de genre romantique sont récupérés grâce à des traits uniques qui les caractérisent et qui sont hétérogènes, par rapport à ceux des textes de genre réaliste. En conséquence, les choix linguistiques, pris en considération par chaque écrivain, permettent de mettre en évidence le genre de son texte. Dans un texte romantique, le lexique affectif, les tournures de phrases qui stimulent les sentiments du lecteur, …etc., sont par exemple des critères de base du genre romantique. En dérivation, la description détaillée du corps humain, les connecteurs logiques, les termes scientifiques, le présent de vérité général…, caractérisent le genre réaliste. Toutefois, cette classification en plusieurs genres constitue selon certains linguistes les différents types de textes : « roman policier », « historiques », « sentimentaux » … »[13] De surcroît, les différents critères énonciatifs sont pris en considération, afin de cibler le classement des textes littéraires en adoptant la notion de genre.  La validation des caractéristiques littéraires, propres au genre autobiographique par exemple au sein d’un texte, souligne son appartenance à ce dernier. Ces genres littéraires se basent donc sur l’organisation interne des textes littéraires : « des critères renvoyant à la structure des textes et particulièrement à leur organisation énonciative : le fantastique, l’autobiographie, le roman historique. »[14] Cela met en évidence la différence comprise entre la trame narrative dans un roman historique et celle dans un roman policier. Cependant, J.M. Adam distingue, suite à ces différents critères internes, « sur la base de procédures cognitives, divers types fondamentaux : descriptif, narratif, argumentatif … »[15] Ensuite, d’un point de vue communicationnel, M. Bakhtine accorde une importance fondamentale à l’échange verbal, une notion qui sera expliquée dans la partie qui suit[16], qui se classe aussi sous plusieurs genres. Il affirme que la nature communicationnelle des échanges verbaux contribue à délimiter le genre d’un texte. Ces échanges se divisent en deux groupes[17] : les « genres premiers », qui recouvrent les productions verbales « spontanées », de chaque jour et les « genres seconds », qui renferment les productions verbales « construites », comme les textes littéraires, les textes scientifiques, … En parallèle, les linguistes anglais parlent de deux types de discours[18] : « transactionnelle », c’est-à-dire toute ce qui concerne le contenu, et « interactionnelle », pour désigner les relations sociales et interpersonnelles. 

Il est vrai que les définitions attribuées à chacune des deux notions genre et type de discours se ressemblent et parfois semblent être les mêmes. Toutefois de nos jours, dans les écoles et les universités, afin de résoudre cette ambiguïté qui réside au niveau de ces deux notions, les didacticiens optent pour la notion des genres de textes pour désigner les romans, les essais, les nouvelles, etc., alors qu’ils emploient la notion des types de textes, pour parler des textes narratifs, descriptifs, argumentatifs, etc.

De même, au niveau des discours oraux, la distinction entre les deux notions de type et de genre semble préoccuper les linguistes, surtout après les années 1960.

                            2.             Différence entre « type » et « genre » de discours oral

Les productions orales constituent, pour les linguistes, surtout après les années soixante, une source importante qui permet d’examiner et d’étudier la langue. Selon F. Akinnaso Niyi, les interactions verbales sont soumises à une situation d’énonciation précise. Les participants à la conversation exercent un rôle et un statut social déterminé et se réunissent en une date, un temps et un lieu précis.

 L’oral est contextualité par rapport à la communication et aux différentes situations que celle-ci institue : dépendance par rapport au temps, à l’espace et aux participants en présence.[19]

D’abord, les linguistes, comme P. Zumthor, C. Blanche-Benveniste, F. Gadet et F. Mazière, étudient en premier lieu, les différences et les ressemblances des deux codes de la langue française, à savoir l’écrit et l’oral. Au niveau de ces deux codes, il existe plusieurs points de convergences et de divergences, comme : la structure syntaxique des phrases, qui, à l’oral, selon C. Blanche-Benveniste, ne peut pas être traitée d’un point de vue morphosyntaxique, puisqu’elle est émaillée d’hésitations, d’ellipses et de répétitions, contrairement à la syntaxe des phrases écrites. Cette linguiste parle donc à ce propos d’une macro-syntaxe.[20]En effet, les participants ne se donnent pas le pouvoir de revenir sur leurs paroles pour les changer. Ils se rectifient après une hésitation et parfois ils répètent les mêmes paroles. Il ne faut pas oublier que les participants risquent continuellement d’être interrompus par leurs interlocuteurs. Ensuite, les linguistes s’intéressent aux différents types d’interactions. Le linguiste Hymes divise les interactions verbales en deux types : les évènements de communications ou Speech events¸ et les situations de paroles ou Speech situations. Effectivement, les évènements de communication recouvrent les règles imposées à l’interaction verbale et qui permettent de classer ces derniers sous plusieurs genres[21]. En parallèle, les situations de paroles désignent les contextes dans lesquels une conversation peut se produire, comme les cérémonies, les combats, …etc. Ces contextes peuvent exercer une influence sur l’aspect d’une interaction verbale et ils ne sont pas gérés par des règles de parole. Hymes, dans le modèle Speaking qu’il propose, il affirme que les différents genres des évènements de communications peuvent être classés par le biais des caractéristiques, qui sont différentes allant d’un genre à un autre.

By genre are meant categories such as poem, myth, tale, proverb, riddle, curse, prayer, oration, lecture, commercial, letter, editorial, etc. […] the notion of genre implies the possibility of identifying formal characteristics traditionnally recognized.[22]

Ensuite, le linguiste Stephen C. Levinson met en mot une autre appellation, afin de désigner les évènements de communications : « activity types » ou les types d’activités en français. Ce linguiste affirme que sa définition est plus précise parce qu’elle recouvre tout genre d’interaction verbale[23]. Il explique que la notion « type d’activité » se réfère à une catégorie quelconque (conversation qui contient toute une simple anecdote)[24] d’activité verbale délimitée et déterminée par un but précis et des contraintes sociales, qui exercent une influence sur ses participants.

In particular, I take the notion of an activity type to refer to a fuzzy category whose focal members are goal-defined, socially constituted, bounded, events with constraints on participants setting, and so on, but above all on the kinds of allowable contributions.[25]

En outre, pour expliquer la notion de genres de l’oral, V. Traverso et C. Kerbrat-Orecchioni adoptent, d’un point de vue théorique, presque la même stratégie de distinction suivie par les enseignants dans les écoles et les universités pour les discours écrits[26]. Elles distinguent, par la suite, deux niveaux distincts de genres : un G1, et un G2. Effectivement, les deux linguistes se basent sur les définitions de Hymes et de Levinson. D’une part, le G1 se réfère donc aux évènements de communication de Hymes reconnus aussi par les types d’interactions. Ce G1 est identifié grâce à plusieurs critères externes comme :  la nature du site, qui désigne le lieu où l’interaction verbale a lieu ; la destination du site, qui détermine la fonction de ce lieu ; la nature du format participatif, qui indique les statuts sociaux des interactants, les rôles que ces derniers détiennent au sein de l’interaction verbale et la place interactive que préoccupe chacun des participants au sein de la conversation ; Le but de l’interaction ; le degré de formalité, qui précise la nature d’une interaction verbale qui peut être formelle ou informelle ; le degré de planification de l’échange, qui peut être organisé ou spontané et le degré d’interactivité, qui explique que les tours de paroles peuvent être quasi-équivalents entre les participants, comme ils peuvent ne pas l’être. En conséquence, les G1 se divisent en quatre : « interaction de service », « interaction de travail », « interview » et « réunion »[27].

D’autre part, le G2 indique les types de discours ou les activités discursives, plus précisément la structure interne, « structure stylistique »[28], propre à chacune des interactions verbales précédentes, ce que Levinson appelle "activity types".

Il serait donc intéressant d’observer, dans ce qui suit, les critères externes de la réunion, comme genre spécifique de l’oral, ainsi que les critères internes de cette dernière.

 

                          II.             La réunion : un genre spécifique de l’oral 

                            1.             Définition de « réunion »

La réunion est un évènement de communication (speech event)[29], qui possède des caractéristiques spécifiques.

La définition lexicographique du mot réunion dans le dictionnaire du Robert Dixel est : « fait de réunir des personnes (pour le plaisir ou le travail) ; les personnes ainsi réunies ; temps pendant lequel elles sont ensembles ». Cette définition évoque la possibilité que la réunion puisse se faire avec un degré de formalité très bas ou très élevé. Aussi, le facteur "temps" est important mais nous évoquerons aussi, suite aux recherches en linguistique de l'oral, l'importance du facteur "espace".

De plus, cette définition lexicographique est poursuivie d’une autre définition synonymique qu’est : « meetings », qui devient l’objet d’étude des deux linguistes Bargiela-Chiappini Francesca et J. Harris Sandra, dans leur ouvrage intitulé Managing Language: The discourse of corporate meetings, référence principale de notre travail de recherche.

                            2.             Caractéristiques de la réunion

Les deux linguistes, Francesca Bargiela-Chappinni et Sandra J. Harris, définissent deux genres de « meetings » : « formal meeting », un genre qui valide une partie de la définition donnée par le Robert Dixel : « fait de réunir des personnes (pour le travail) », alors que la réunion des personnes pour le plaisir est considérée comme un « informal meeting ». Les caractéristiques externes et internes de ces deux formes de réunion sont différentes des caractéristiques des autres speech events. Il serait ainsi intéressant de distinguer entre une « réunion formelle » et « une réunion informelle ».

2.1   Critères externes de la réunion formelle

Une « réunion formelle »[30], ou « formal meeting » est une interaction qui possède comme but la prise de décision en ce qui concerne un sujet précis et qui a lieu dans le cadre d’un travail professionnel. Cette dernière doit être une interaction planifiée, avec un agenda fixe, dirigé par un président « a nominated Chair », et qui doit avoir lieu dans une salle de conférence, donc une salle qui peut assembler un groupe de gens. Ce sont les principales caractéristiques externes de ce genre de réunion. Il ne faut pas oublier de mentionner que parfois le système hiérarchique[31], qui se présente dans chaque entreprise, dans chaque domaine de travail, peut exercer une certaine influence sur le degré de formalité et donc sur le contenu verbal d’une réunion, qui se manifeste par des caractères internes comme le vouvoiement, le registre soutenu et scientifique (en relation avec le domaine de travail, …), …etc.

2.2   Critères internes de la réunion formelle

Les caractéristiques d’une réunion sont mises en évidence par l’école de Birmingham. Les linguistes aboutissent à la construction basique du modèle de la réunion formelle, comme étant un genre spécifique de l’oral. Les études de cette école se basent sur une comparaison de plusieurs interactions entre professeurs et apprenant. Par exemple, le modèle de Sinclair et Coulthard[32] explique qu’une telle interaction est composée de trois phases : acte, mouvement et échange. Un échange se compose de plusieurs mouvements, qui à leur tour sont construits de plusieurs actes. Ainsi en classe les échanges sont construits de 3 phases : initiation, réponse et feedback. Ces trois phases constituent les mouvements d’un échange, qui seront poursuivis d’actes, comme informer, inciter, déclarer…. Généralement, les analyses se contentent de l’étude des échanges et se focalisent surtout sur les relations entre discours/caractères sociaux et discours/structure linguistique.


 

   Mouvement

Acte

Description

Initiation

Incitation

Mouvement qui demande une réponse

Informer

Mouvement qui fait part d’une information

Réponse

Informer

Mouvement qui fait part d’une information

Accepter

Mouvement qui valide une information

Incitation

La réponse se fait sous forme de question

Feedback

Aknowledge

Signe que la réponse a été entendue

Accepter

La réponse est acceptée

Figure 1: Mouvements (structure ternaire IRF) et actes dans le modèle de Sinclair et Coulthard[33].

En effet, la réunion se fonde sur un effort détenu par deux pôles principaux : le « nominated Chair » et le groupe. Il serait nécessaire d’expliquer que la réunion se répartit en trois G2 : la séquence d’ouverture, la séquence de discussion et la séquence de clôture. D’abord, le délégué de la réunion, le « nominated Chair », annonce l’ouverture de cette dernière. Il entame donc la première séquence, qu’est la séquence d’ouverture. Sa position, comme étant le délégué, lui attribue la faculté et la responsabilité d’ouvrir et de clôturer les séquences[34]. C’est une des conditions de la réunion. Les autres participants n’ont pas le droit de franchir cette condition ou de la modifier. Pendant la séquence d’ouverture, ce délégué donne des informations au groupe à propos des présentations personnelles qui vont avoir lieu. Il explique l’objectif de la réunion et lance les différents travaux à exécuter, qui sont précisés dans l’agenda. Ensuite, pour accéder au but de la réunion, il faut passer à la phase la plus importante, qui est la séquence de la discussion, entre le Chair et le groupe, à propos de chaque point présent dans l’agenda, afin de pouvoir les accomplir. A ce moment-là, le groupe, c’est-à-dire le deuxième pôle de l’interaction, qui peut être formé de deux ou plusieurs interactants, devient apte à parler. Les participants discutent donc à propos des tâches que le délégué a lancées, durant la séquence d’ouverture. Cette séquence prend fin dès que les participants terminent la discussion à propos de toutes les tâches présentes dans l’agenda et donnent naissance à d’autres suggestions, qui font l’objet d’une autre réunion. Par conséquent, le délégué va annoncer de nouveau la fin de cette séquence et le passage vers la séquence de clôture. Ainsi, les deux passages de la séquence d’ouverture vers la séquence de discussion et ensuite de cette dernière vers la séquence de clôture se fait par le biais d’une « transition ». Cette dernière doit être énoncée de manière formelle et prononcée par le délégué. Il serait important de noter que le modèle question/réponse n’entre pas dans la composition des réunions, qu’elles soient « formelles » ou « non-formelles ».

En conséquence, il est vrai que le modèle d’une réunion formelle se voit sous l’angle de trois séquences, mais aussi chacune de ces séquences se compose de deux sous-parties : « Echanges » et « Moves »[35]. Les « échanges »[36] selon le dictionnaire Robert Dixel sont : « adresser et recevoir en retour », alors que le mot « Move » signifie selon Reichman : « begins a new communicative acts, serving a new discours role », c’est-à-dire le début d’un nouveau acte communicatif en changeant le rôle du discours . La partie consacrée aux « moves » donc explique le passage d’un Topic à un autre, les résumés faits à propos d’un sujet ou avis précis, le fait d’adhérer à un point de vue... Par exemple, pendant la phase de discussion, les échanges peuvent être prononcés par le Groupe et adressés au Chair et vice-versa. Les Moves peuvent se traduire par la réaction du groupe qui certifie le point de vue du délégué. Pour mieux expliquer leurs points de vue, les participants, qui forment le Groupe, peuvent donner des exemples de leur expérience précédente par exemple. Ce passage d’un topic à un autre afin de clarifier leur point de vue est désigné par « Move ».


 

Réunion Formelle

Séquence d’ouverture

(le délégué lance son ouverture)

 

 

 

 

 

 

 

Transition

(formelle et prononcée par le délégué)

Séquence de discussion

(le Groupe devient capable de réagir et de jouer sont rôle dans l’interaction)

 

 

 

 

 

 

 

Transition

(formelle et prononcée par le délégué)

Séquence de clôture

(le délégué lance sa fin)

Echanges

(délégué => Groupe)

Echanges

(délégué => Groupe ou Groupe => délégué ou interactant 1 du Groupe => interactant 2 du Groupe)

Echanges

(délégué => Groupe)

Moves (changement du sujet (Topic), explication,…)

Moves (changement du sujet, explication, support,…)

Moves (changement du sujet, évoquer un résumé,…)

Figure 2: Modèle d'une réunion formelle[37]

2.3   Critères externes d'une réunion informelle

Une « réunion informelle »[38], ou « informal meeting » est une réunion moins planifiée que la réunion formelle. L’agenda d’une telle réunion n’est pas fixe et peut varier en fonction du cadre de cette dernière, tout comme la personne qui la dirige. Le « nominated Chair » varie spontanément. Les réunions non formelles peuvent avoir lieu dans un appartement, dans un café ou un restaurant et aussi dans un bureau, avec la famille, avec les amis... Ce sont les principaux critères externes de la « réunion informelle ».

Il faut noter que la variation entre « réunion formelle » et « réunion informelle » est due à la variation du statut social des participants, même si cette dernière peut se faire dans un des bureaux des participants qui seraient des amis ou des camarades, non seulement de simples employés. En effet, le but d’une telle réunion n’est pas fixe. Cette dernière peut se faire pour évoquer un problème, le résoudre, faire un compte-rendu, une évaluation ou bien pour déjeuner ensemble tout simplement en bavardant (parler de tout et de rien). Le but donc n’est pas précis, l’agenda semble parfois être absent. Lorsque cet agenda se présente, cela s’argumente par le fait que les participants à la réunion ont prévu de parler à propos d’un sujet précis. Par conséquent, le délégué, voire le nominated Chair, n’est plus fixe et varie en fonction de la conversation qui aura lieu pendant cette réunion. La personne, qui dirige ou qui invite ses collègues à une réunion, peut ne pas occuper toujours la place de délégué.

2.4   Critères internes d'une réunion informelle

D’après ces caractéristiques externes, les critères internes peuvent être directement conclus. En effet, puisque le planning de la réunion n’est plus respecté comme dans le cas de la réunion formelle, la division en séquences, séquence d’ouverture, séquence de discussion et séquence de clôture, ne l’est plus également. La séquence d’ouverture peut se limiter en la salutation, tout comme la séquence de clôture. Les expressions de genre : « bonjour, comment ça va ? quoi de neuf ? … », annoncent la séquence d’ouverture, alors que les expressions comme : « au revoir, à bientôt, prends soins de toi-même, … » annoncent la séquence de clôture. Ce ne sont que des expressions de salutation et de vœux qui délimitent ces types de séquences. Dans ce type de réunion, l’importance accordée au « nominated Chair » est négligée. Tous les participants peuvent annoncer la séquence d’ouverture ou de clôture. Le rôle de participation de ces derniers ne se limite plus à la séquence de discussion. Cette dernière subit alors quelques modifications au niveau de sa structure et sa visée. D’abord, il est nécessaire de noter que cette séquence, dans le type de réunion informelle, n’est plus objective. Les participants donnent des jugements de valeurs et parfois use d’un lexique affectif, ce qui n’est pas le cas d’une réunion formelle. Ensuite, en ce qui concerne le registre de langue et le mode d’énonciation, le pronom personnel « vous » semble parfois être substitué par le « tu », qui connote les relations qui ne sont plus distantes mais proches, comme les relations amicales, familiales, …etc. Il ne faut pas oublier les anecdotes et les textes narratifs et descriptifs, qui paraissent dominer ce type de réunions, au moment où les participants racontent des événements et des histoires. De plus, les textes argumentatifs peuvent être aussi présents, si le débat a lieu autour d’un sujet à propos duquel, la personne qui dirige cette sous-séquence de la séquence de discussion demande l’avis de ces camarades. De surcroît, les échanges et les Moves sont toujours présents au niveau des séquences. Le changement de topics se fait parfois spontanément, alors que le passage d’une séquence en une autre semble se faire directement et d’une manière spontanée sans recours à la phase de transition. Il semble que cette dernière est absente dans ce type de réunion.

En conclusion, il est fondamental de noter que généralement chaque réunion se compose de trois séquences, mais les critères internes de ces derniers diffèrent d’une réunion à une autre, selon le degré de formalité.

 

Réunion informelle

Séquence d’ouverture

Les participants se saluent (bonjour, comment ça va….)

 

 

 

 

 

 

 

Transition

(absente)

Séquence de discussion

(les participants parlent sans suivre un ordre de parole précis).

 

 

 

 

 

 

 

Transition

(absente)

Séquence de clôture

(Les participants annoncent la fin de la réunion en prononçant un simple au revoir, à bientôt, …) 

Echanges

(Les participants entre eux (l’identité du délégué change spontanément)).

Echanges

(interaction spontanée)

Echanges

(Les participants entre eux (l’identité du délégué change spontanément)).

Moves (aborder un sujet spontanément

Moves (changement spontanée et directe d’un topic en un autre)

Moves (changement du sujet, explication, résumé,…)

Figure 3: Modèle d'une réunion informelle.[39]

                            3.             Tableau comparatif entre G1 et G1’

Les différentes caractéristiques des deux types de réunions, « formelle et informelle », donnent l’occasion de considérer que pour la « réunion », les critères externes (qui permettent de valider que cette dernière est un évènement de communication (speech events)), tentent à changer d’une réunion formelle en une réunion non-formelle. Ces deux types de réunions peuvent être désignés respectivement, d’après le point de vue de Kerbrat-Orecchioni Catherine et Traverso Véronique[40], par G1 et G1’.

Ce tableau récapitulatif montre les traits qui permettent de différencier ces deux types de G1.


 

critères externes

G1 (réunion formelle)

G1’(réunion informelle)

Nature du site

Salle de conférence

Un bureau de travail, un restaurant, une maison

Destination de site

Rassembler plusieurs personnes

Rassembler plusieurs personnes

Nature du canal

Directe

Directe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nature du format participatif

 

Statuts 

 

Un groupe d’employés d’une entreprise : le manager, le sous-manager et ses collègues, …

Des amies, des camarades, des collègues, ….

 

 

Rôles 

-          Le délégué (nominated Chair) : il dirige la réunion.

-          Le Groupe : il discute à propos d’un sujet précis.

-          Respect mutuel nécessaire.

-          Les participants discutent entre eux (raconter une histoire, la routine, parler de tout et de rien, …)

-          Le respect mutuel est nécessaire 

 

 

 

 

La place interactive 

-          Le délégué explique le but de la réunion et annonce l’agenda qui comporte les points à discuter.

-          Le groupe discute les différentes tâches à accomplir pour pouvoir prendre une décision à propos du sujet de la réunion.

-           Les participants racontent la routine de la journée, ou donnent leurs avis à propos d’un sujet précis .

But de l’interaction

La prise de décision en ce qui concerne un sujet précis et qui aura lieu dans le cadre d’un travail professionnel

Pas de but spécifique

Degré de formalité

Un degré élevé, puisque les interactants entretiennent une relation professionnelle de travail.

Un degré faible, puisque les interactants entretiennent une relation non distante, amicale ou familiale.

Planification de l’échange

Echange planifié avec un agenda fixe

Echange non planifié.

Degré d’interactivité

Les tours de parole dépendent de la réunion : généralement le nominated Chair intervient dans les trois séquences alors que le groupe intervient seulement pendant la séquence de discussion.

Les tours de parole dépendent de la conversation.

Figure 4: Comparaison des critères externes entre réunion formelle et réunion informelle.[41]

                       III.             Analyse du corpus oral 

                            1.             Présentation et transcription écrite du corpus 

Un « corpus » est « un ensemble de textes ou de documents, rassemblés pour être étudiés »[42]. Plus spécifiquement, le « corpus oral » est le résultat d’une transcription d’un enregistrement oral, qui est l’objet d’une étude scientifique.

Le corpus est tiré de la plateforme CLAPI[43], Corpus de langues parlées en interaction, du laboratoire ICAR. Cette plateforme est un programme qui regroupe un grand nombre d’interactions verbales formelles et non formelles (dans le cadre de la famille, dans un bureau de travail, …). CLAPI constitue une référence de travail scientifique, d’après la qualité de ses corpus, surtout pour les linguistes, qui désirent étudier l’évolution de la langue, puisqu’elle regroupe un travail qui s’étend sur une décennie d’années. Dans ce qui suit, se présente l’objet de cette étude, le corpus oral transcrit par l’équipe de CLAPI-FLE. Ce corpus est constitué de deux sous-corpus différents qui relèvent d’une réunion formelle et informelle. L’analyse de ces deux dernières justifie la différence des critères externes et internes au niveau de ces deux types de réunion.

a-      Les valeurs des signes qui se trouvent dans le corpus transcrit :

-          ` : élision non standard (b`jour,fìn)

-           ~ : Mot inachevé 

-          (inaud.) :  inaudible

-           : intonation montante 

-          ↓ :  intonation descendante 

-          MAJ : saillance

-          [ : chevauchement début

-          ((DESC)) :  description

-          (s.z) :  pause longue

 

b-      Le corpus transcrit :

 

1-      Première réunion : Les pièces d'un hôtel (FOS) [44]. :

Trois personnes (architectes et architectes d’intérieur) discutent sur la réhabilitation d’un château en centre de séminaires. Ils ont des plans qu'ils doivent modifier en fonction des remarques des propriétaires du château et du nouveau client. Dans cet extrait, situé au début de la réunion, ils passent en revue les différentes pièces et espaces du futur centre de séminaires.

Transcription :

             1 C                 alors le projet au niveau du plan masse euh↓↓ tu l'avais vu c` plan masse              toi Marie hein↑

            2 M                 oui

            3 C                 hein [ c'est-à-dire que on sait que

            4 M                        [oui

            5 C                  on a positionné tous les parkings d'atTENte la zone de deSSERte l'accès                princiPAL l'accès d` service la seule chose (0.2) qui serait à modifier                     pour l'instant↑ c'est on sait qu'y a pas de p~ de piscine extérieure↓↓ (0.2)

            6 M                 [hm↓↓ hm

            7 C                 [hein↑ (0.9)

            8 M                 PAs extérieure↑ donc i` en aura une euh [à l'intérieur

            9 C                                                                                  [hm à l'intérieur↓↓

            10 M               à [l'intérieur de la

            11 C               _[c'est-à-dire que i`s estiment qu'en bourgogne y a pas de le climat euh                 pour justifier une piscine une construction pendant toute cette période-               là donc on on on REpart sur un AUtre concept qui est le concept du ((plus                        vite)) comment ils appellent ça↑↓ euh[[

            12 L                                                    [ts

            13 L                                                                [euh

            14 L                (ou) une p`tite salle de j` sais plus quoi on va r`trouver↑

            15 C               c'est Jacuzzi[s ze~ sauna[ euh euh oui

            16 M                                   [ah oui

            17 M                                                      [mais avec un bassin quand même↑

            18 C               avec un bas[sin

            19 L                                  [oui mais intérieur↓↓

            20 L                et i` y avait une aut` chose aussi à expliquer c'était l'idée des des parkings             en fait euh

            21 C               voilà↓↓ mais ça finalement pour l'instant c'est [un acquis    euh]&

            22 L                                                                                         [c'est accepté hm

            23 C               &tout le monde aime bien et et et nous on aime bien euh c'est plutôt euh                 on sait qu` les parkings font une espèce de BArrière entre LE village et                       le châtEAU et que on veut plutôt préserver tout cet angle-là avec un                 jardin potager↓↓ (0.2) pour rev`nir à l'an[cien jardin potager

            24 M                                                   [hm hm      (0.3)

            25 C               et puis là l'ouverture sont [(plus xx)

            26 M                                                                           [          et ça c'est quoi là↑ euh ce                   mur↑↓↓ c'est [un mur↑

            27 L                                                                [ts hm pa`ce qu'en fait l'idée c'était de                       garder la pente naturelle du terrain i[ci↑

            28 M                                                                                       [ah oui

            29 L                et Jean-Marc voulait qu'en fait on on voit l` moins possible les voitures                  donc [on avait des par é~ par petites STRates comme ça

            30 M                                       [d'accord         (0.2)

            31 M               d'acc[ord

            32 L                            [et on récupérerait en fait euh les l'image un peu des dOUves[                    anciennes

            33 M                           [d'accord

            34 M               d'accord

            35 L                et éventuellement même euh la comtesse souhaitait pouvoir euh r`mettre                ses CARpes dans un bass[in         éven[tuellement euh

            36 C                                                                           [dans un [bassin aux pieds de

            37 M                                                                                          [ouais

            38 C               on~ ben ça comme (on~) c'est pas le sujet le plus es[senti]el&

            39 M                                                                                                                [non

            40 L                                                                                                                 [hm

            41 C               &pour l'instant [on s'[en tient à ce schéma de [fonctionnement

            42 L                                        [hm

            43 M                                                   [hm hm

            44 M                                                                                       [okay

            45 C               .H les problèmes sont pluS euh à l'intérieur quand on arrive↑ .H où donc               on était parti sur une zone d'accueil↑ UN Salon↑ (0.8) donc ce le che~                        ça j` crois qu` tu l'avais vu[↑

            46 M                                                                           [oui

            47 C               euh un ascenseur qui permettait d` monter ici directement aux aux                          chambres↑ (0.3) .H des sanitaires↑ et puis une zone Bar et salon↓↓ de                    nouveau↓↓ hein↓↓ un~ i` y eu une époque ((plus vite)) où on avait mis↓                        des chambres dans cette partie-là↓↓ [au rez-de-chaussée↑

            48 M               [oui les archives         au début [aussi

            49 C                                                                           [          et les archives euh non                       pa`ce que finalement euh on est sûr que i` faut absolument qu'y ait un un             un grand bar qui puisse euh occuper i`s veulent soixante personnes hein              qui puissent euh débarquER euh et qui puissent être dans cet espace-               là↓↓

 

2-      Deuxième réunion : L'emploi du temps universitaire

Deux jeunes filles, Béatrice et Marion, sont invitées par leur amie Elise. L'extrait présente les jeunes filles en pleine discussion autour d'un apéritif.

Elise explique ici son emploi du temps à ses amies, en répondant à la question de Béatrice : "et t'es souvent là (à la maison) ou pas ? " ; elle est la locutrice principale de cet extrait. [45].

 

Transcription :

1 BEA             et t` es souvent là ou pas↑ (1.3)

            2 ELI              hein normalement ben du coup moi j'ai pas beaucoup cours↑ en fait↓↓                   [j'ai cours lundi↑

            3 BEA             [ouais finalement (0.8)

            4 ELI              j'ai interaction verbale le lun~ le lundi après-midi (0.8) mardi j'ai pas                    cours (0.9) le mercredi j'ai euh (0.5) qu'est-ce j'ai↑ j'ai syntaxe bon                      comment j'ai pu oublier [ça↑                             [((rires)) ((rires))                                [((rires))

            5 ELI                                                  [à neuf heures du matin trois heures t` sais

            6 MAR            ((rires))           (0.6)

            7 ELI              le jeudi j'ai juste↑ euh↓↓ psycho mais j'ai qu'une heure et demie

            8 BEA             ouais (0.4)

            9 ELI              et le vendredi normalement j'ai une fois sur deux tu sais int~ euh hm                      comm[ent↑

            10 BEA                     [analyse conversationnelle (0.4)

            11 ELI            exact .H mais euh le truc c'est que du coup même si↑ euh↓↓ quand j`                      l'ai pas je reste en fait parce que Laurence vu qu'elle est en formation↑                        (0.6)

            12 BEA            [ah oui↓↓

            13 MAR           [hein↓↓

            14 ELI            donc du coup↓↓ euh[

            15 BEA                                          [mais du coup tu tu es obligée d` rester toute la                                     semaine quand même↑

            16 ELI            j` suis pas obligée t` sais autrement j` prends le au pire des cas t` sais j`                 prends le j` prends l` train pour revenir [le vendredi↓↓

            17 BEA                                   [d'accord↑       (0.5)

            18 ELI            mais euh voilà quoi↓↓ (0.4)

            19 MAR                      Laurence elle vient en voiture↑ (0.3)

            20 ELI            ouais↓↓ mais vu qu'elle est trop crevée après le vendredi soir pour                         rentrer↑ (0.3) à chaque fois elle me dit oh mais j'aimerais bien qu` tu                     restes↑ [donc euh↓↓ du coup j`&

            21 BEA                                                                       [hm ((rire))

            22 ELI            &reste et puis euh (0.5) j` la ramène parce que

            23 MAR           hein↓↓

            24 ELI            on sait jamais t` sais

            25 MAR           hm↓↓ (0.2)

            26 ELI            si elle me dit qu'elle est crevée et qu'i` arrive quelque chose [après c'est                 ma faute laisse tomber

            27 BEA                       [ouais ben oui oui


 

                            2.              Analyse du corpus

Les deux sous-corpus transcrits, dans la partie précédente, recouvre deux types de réunion. Le premier discours est une réunion formelle, qui a lieu dans le cadre d’un travail professionnel, alors que le deuxième est une réunion amicale, donc informelle. Dans ce qui suit, l’analyse de ces deux corpus va mettre en évidence les critères externes et internes, permettant de décrire, pour chaque échange, le G1 et les différents G2 qui le composent.

2.1   Analyse de la première réunion 

La théorie avancée par les deux linguistes V. Traverso et C. kerbrat-Orecchioni constitue la référence de cette analyse[46]. Leur étude met en évidence deux dénominations, qui seront adoptées au cours de cette analyse :  G1 pour désigner l’évènement de communication et G2 pour désigner le type de discours.

2.1.1. Analyse des critères externes de la première réunion

L’évènement de communication ou speech event n’est déterminé que grâce aux critères externes. En effet, le lieu, où cet évènement de communication se passe, n’est pas précisé. Toutefois, la vidéo[47]offre quelques indices sur cet endroit qui permettent de conclure qu’il s’agit soit d’un bureau de travail, soit d’une salle de conférence. Les participants à cette conversation s’installent autour d’une table, sur laquelle se trouvent leurs outils de travail. Cette même salle ou bureau sont alors destinés à rassembler un groupe de personnes. L’échange verbal se fait entre les interactants de manière directe. Ces derniers discutent entre eux, face à face, en un temps et un espace précis. En outre, en ce qui concerne la nature du format participatif, la description délivrée par la plateforme CLAPI-FLE[48] met l’accent sur les statuts des participants de cet échange verbal : « Trois personnes (architectes et architectes d’intérieur) » qui se réunissent afin de discuter à propos d’un sujet dans le cadre de leur travail. Cette même description souligne les rôles de ces interactants. Les trois ont fait des études supérieures dans leurs domaines de spécialisation respectifs et ils sont des spécialistes chacun dans son domaine. « C » est l'architecte et les deux autres sont des architectes d'intérieur. « C » semble être l’architecte qui domine et dirige cette interaction. Il explique, argumente et donne des comptes rendu des points déjà discutés avec les autres architectes. « L » et « M » sont les deux architectes qui discutent les points lancés par « C ». Il serait intéressant de souligner le but de cette interaction présent au niveau de la même description annoncée par CLAPI-FLE. Il s’agit d’une discussion à propos de la rénovation d’un château qui se situe dans un séminaire : « Trois personnes […] discutent sur la réhabilitation d’un château en centre de séminaires »[49]. De plus, les interactants entretiennent une relation professionnelle de travail. Toutefois ces interactants se tutoient. Il s’agit donc d’une situation semi-formelle puisque l’échange verbal ne se fait pas entre amis ou au sein d’une famille. Cet échange présente de même un degré élevé de planification : « C » résume et présente les thèmes qui doivent être discutés, en tenant compte des avis de « M » et « L », durant la conversation, comme s’il s’agit d’un agenda. Toutefois, il semble que le degré d’interactivité n’est pas équivalent au niveau des participants. Il est vrai que 12 répliques sont prononcées par « L » face à 20 répliques propres à « M » et 16 à « C ». Ce dernier semble diriger et dominer la conversation, puisqu’il résume et explique le tout. « C » donc assume le rôle du nominated Chair, qui désigne la personne qui dirige une réunion formelle, alors que les autres constituent le groupe de participants à la réunion. Cette réunion formelle, qui a lieu entre trois architectes, dans un bureau de travail, a un but précis et un agenda fixe et planifié annoncé par « C ».

2.1.2. Analyse des critères internes de la première réunion

Ce genre d’évènement de communication présente une structure interne et stylistique spécifique, qui montre davantage que cette interaction verbale est une réunion formelle. Elle a lieu dans le cadre d’un travail professionnel. Par conséquent, un système hiérarchique au niveau des positions au sein de ce travail peut être directement mis en évidence. Ce dernier se reflète sur la structure interne de l’échange verbal qui a lieu entre « C », « M » et « L ».  Généralement les réunions formelles se divisent en trois séquences : une séquence d’ouverture, une autre de discussion et de débats et une dernière de clôture. Toutefois, il est remarquable qu’au niveau de cette réunion, les deux séquences d’ouverture et de clôture sont absentes, puisqu’il ne s’agit qu’un fragment transcrit de cette réunion.  Les caractéristiques, qui permettent d’affirmer qu’une interaction verbale est une réunion formelle, imposent que ces deux séquences doivent être signalées uniquement par le nominated Chair. Ce dernier annonce l’ouverture de la réunion et explique et annonce l’agenda, c’est-à-dire les points à discuter, durant la séquence d’ouverture, alors qu’il donne un résumé détaillé et enfin clôture la réunion dans la séquence de clôture. Ce fragment de discours présente trois interactants, qui tous interviennent en discutant le plan architectural du château et qui doit être modifié. Il s’agit donc de la séquence de discussion entre « C », qui semble être le nominated Chair, et le groupe formé par « M » et « L ». D’abord, la première réplique prononcée par « C » : « alors le projet au niveau du plan masse euh↓↓ tu l'avais vu c` plan masse toi Marie hein↑ » montre que l’ « échange » concernant ce topic (le plan masse) a lieu entre « M » et lui. Il serait intéressant de mentionner que cette première réplique peut être analysée comme étant une réplique de la séquence d’ouverture : « C » semble lancer l’agenda de la réunion qui portera sur la discussion du plan masse d’un château, afin de le rénover. Toutefois, si la première réplique est analysée comme étant une sous-partie de la séquence de discussion, elle semble ainsi porter les traits d’un « Move », une transition qui permet d’aborder un point à discuter. Cela est mis en évidence surtout, d’un côté, par le connecteur logique « alors » qui marque le début d’une explication et d’un autre côté, par les questions posées par « C » qui pousse « M » à réagir et à confirmer qu’elle a déjà vu le plan architectural : répliques 2 et 4 : « oui ». Cela semble faire écho à l’intention de « C » de prendre l’avis de « M » en ce qui concerne la : « la seule chose (0.2) qui serait à modifier pour l'instant↑ ». « C » donne un résumé des points qui paraissent être accomplis : « on a positionné tous les parkings d'atTENte la zone de deSSERte l'accès princiPAL » et explique au niveau de son message, réplique 5, que : « qu'y a pas de p~ de piscine extérieure↓↓ (0.2) ». La réplique prononcée ensuite par « M » certifie le point de vue de « C » qui interrompt, par le biais d’un chevauchement, sa parole en adoptant une intonation montante afin de demander davantage qu’elle explicite clairement son point de vue, qu’il certifie à son tour :

6 M                 [hm↓↓ hm

7 C                 [hein↑ (0.9)

8 M                 PAs extérieure↑ donc i` en aura une euh [à l'intérieur

9 C                                                                                  [hm à l'intérieur↓↓

                        10 M               à [l'intérieur de la ».

« M » essaie d’expliquer son point de vue : réplique 10. Toutefois, « C » l’interrompt et domine de nouveau la conversation en essayant de proposant une solution à ce problème. Il hésite « euh », tout comme « L » : « ts » ; « euh », qui essaie à son tour de l’aider à s’exprimer en proposant l’idée d’une salle : « (ou) une p`tite salle de j` sais plus quoi on va r`trouver↑ ». Tout au long de cet échange verbal, la même stratégie est adoptée par les trois participants. En conséquence, « C » semble dominer par ces explications toute la conversation : répliques 11, 15, 23, 45, 47 et 49. Il serait alors intéressant de mentionner que « C » semble assumer la position du président, surtout au niveau de la réplique 38 : « on~ ben ça comme (on~) c'est pas le sujet le plus es[senti]el& », puisqu’il dirige de nouveau la cible vers le Topic à discuter : « H les problèmes sont pluS euh à l'intérieur quand on arrive↑ », réplique 45. « L » prononce une « Move » au niveau de la réplique 20, vers un nouveau Topic : « l'idée des des parkings ». « C » et « M » semble adhérer à son point de vue et cela est justifié au niveau des répliques qui s’étendent de la réplique 21 jusqu’à 37. « C » maintient le point de vue de « L » et l’explique davantage, tout comme « M ». Par la suite, après avoir terminé la discussion à propos des parkings, c’est-à-dire l’extérieur du château, « C » passe à un nouveau topic, qui consiste en la discussion de ce qui est en rapport avec les problèmes de l’intérieur du château. Le lexique scientifique relatif au domaine professionnel des participants, qui est « l’architecture », témoigne de cette même idée : « plan masse » (r.1) ; « les parkings d'atTENte la zone de deSSERte » et « piscine extérieure » (r.5) ; « un AUtre concept » (r.11) ; « c'est Jacuzzi » (r.15) ; « schéma de [fonctionnement » (r.41) ; « sur une zone d'accueil↑ UN Salon » (r.45) ; « i` faut absolument qu'y ait un un un grand bar » (r.49). De plus, ce lexique spécifique du domaine de l’architecture qui s’unit aux autres caractéristiques mises en évidence au niveau de cette réunion maintiennent l’idée que le type de texte dominant dans cette interaction verbale est le texte informatif-explicatif. La « move » vers le Topic initial (le plan masse) de la réunion et ensuite la discussion et l’explication détaillée de ce Topic (la piscine, le parking, le murs, l'intérieur, etc.), est fait en utilisant le présent de l’indicatif et le passé composé : « sait » (r.3) ; « a positionné » (r.5) ; « estiment » ; « Repart » et « est » (r.11).

En définitif, un seul topic est présent dans cette réunion qui a imposé un échange entre C, L et M, échange qui a permis à chacun d'informer et d'expliquer en montrant un investissement dans le projet et une compréhension de ce qui a été fait et de ce qui est à exécuter.

2.2   Analyse de la deuxième réunion 

De même, l’analyse de ce corpus sera basée sur la theorie de V. Traverso et de C. Kerbrate-Orecchioni en précisant les critères externes, qui mettent en évidence la nature de l’évènement de communication, comme étant une réunion informelle et les critères internes qui justifient le type de discours de cette réunion.

 2.2.1. Analyse des critères externes de la deuxième réunion

La description donnée par CLAPI-FLE à propos de cette réunion[50] souligne quelques critères externes afin de clarifier le contexte de cet échange verbal. En effet, les filles sont invitées par leur amie et la discussion a lieu autour d’un apéritif. Il parait alors que cet évènement de communication a lieu soit dans la maison d’Elise, soit dans un restaurant ou un café. Eventuellement, ces lieux suggérés sont destinés à accueillir plusieurs personnes. Cette discussion entre les participants se fait d’une manière directe. En outre, en ce qui concerne les participants à cette interaction verbale et leurs statuts sociaux, il est intéressant d’expliquer qu’elles sont trois filles amies, Béatrice, Marion et Elise. Ces dernières assument un certain rôle au sein de la société. Elles sont des étudiants universitaires. En ce qui concerne la place interactive, Béatrice et Marion posent des questions et poussent Elise à réagir et à y répondre. De plus, le but de cette réunion n’est pas précis. Les filles se réunissent et discutent de tout et de rien. Une question posée par Béatrice sur l’emploi de temps d'Elise à l'université va préciser ce sujet comme topic de la discussion. Cette dernière présente un faible degré de formalité puisque les filles entretiennent une relation amicale et non distante comme dans le cas de la réunion précédente où les participants entretiennent des relations de travail. L’agenda au niveau de cette interaction verbale est absent, puisque le sujet qui domine cette conversation (l’emploi du temps universitaire) n’est entamé que par le biais d’une question posée sans être préparée. Il est évident donc de considérer que les échanges ne sont pas planifiés et sont motivés par des questions posées par les filles. Il faut davantage justifier que le statut nominated Chair, dans ce cas, semble changer spontanément entre les filles. Elise est la locutrice principale de cet évènement de communication, puisqu’elle raconte et décrit avec des détails ses actions routinières. Cependant, les deux autres filles interviennent peu et souvent, elles émettent soit des « oui » soit des « hm » pour exprimer une certaine confirmation en ce qui concerne les paroles de leur amie. Cela met l’accent sur le degré d’interactivité qui n’est pas équitable pour les trois filles. Par conséquent, cela peut justifier le changement spontané du rôle du nominated Chair au sein de cette conversation. Parfois ce sont celles qui posent les questions, qui poussent Elise à réagir, qui détiennent alors le rôle de délégué. Les critères externes mis en évidence dans cette partie permettent de considérer que cet évènement de communication est une réunion informelle.

 2.2.2. Analyse des critères internes de la deuxième réunion

Il serait intéressant d’examiner, au niveau de cette partie, les critères internes qui caractérisent le type de discours de cette réunion ainsi que la structure interne et stylistique de cette dernière. Théoriquement, chaque réunion se divise en trois parties : la séquence d’ouverture, la séquence de discussion et la séquence de clôture, comme la présente la partie précédente. Au niveau de cette réunion qui a lieu entre trois filles amies, la séquence d’ouverture, qui devrait se limiter en une simple salutation, et la séquence de clôture, qui à son tour, annonce la fin de la réunion, par le biais des salutations ou des vœux, sont absentes. Cela parait normal, puisqu’il ne s’agit qu’un extrait de la transcription de la réunion. Par conséquent, il s’agit de la séquence de discussion. La question posée par Béatrice : « et t` es souvent là ou pas↑ (1.3 », nécessite une réponse claire de la part d’Elise. La réponse à cette question annonce ensuite un nouveau Topic : « l’emploi du temps universitaire » qui serait le sujet de cette conversation. Il est en effet annoncé par Elise : « hein normalement ben du coup moi j'ai pas beaucoup cours↑ en fait↓↓ [j'ai cours lundi↑ ». Après avoir prononcé sa réponse elle commence à s’expliquer en donnant plus de détails sur son emploi de temps et cela s’étend sur presque la moitié de cet extrait : de la réplique 1 jusqu’à la réplique 10. Il est vrai que Béatrice semble être écartée des nouvelles de son amie, puisqu’elle lui pose une question en ce qui concerne sa disponibilité « t’es […] là », mais cette dernière au niveau de sa réplique 10 souligne sa connaissance d’Elise. Elle interrompt Elise et donne immédiatement la réponse puisqu’elles semble être deux camardes de classes :

             « 9 ELI           et le vendredi normalement j'ai une fois sur deux tu sais int~ euh                                        hm                   comm[ent↑

                        10 BEA                                    [analyse conversationnelle (0.4) »

Eventuellement, Elise ne se contente pas seulement d’annoncer son emploi de temps mais de donner une information extra sur sa routine même si elle n’a pas de cours. Cela semble être un « Move » vers un autre Topic, qui va pousser Marion à réagir en demandant plus de clarification de la part d’Elise. En réalité, cette séquence de discussion, ne présente pas les caractéristiques nécessaires qui valident cette hypothèse. Ainsi, il semble que cette dernière tente de prendre les caractéristiques d’une interview, où Béatrice et Marion incitent Elise à réagir, soit en posant des questions, soit en demandant plus de précision. Suite à cela, Elise donne des informations sur l’ordre routinier de sa semaine. Le type descriptif et informatif semble dominer le discours de cette fille. Elle est en train de donner une image détaillée et progressive de la réalité qu’elle vit. En effet, Elise évoque le calendrier universitaire de toute la semaine, et ensuite elle précise que souvent elle reste sur place puisque, sa sœur ou sa camarde, Laurence, lui demande de rester. Ce passage progressif d’une étape à une autre laisse Béatrice et Marion imaginer les évènements itératifs qui dominent la vie universitaire d’Elise. Le type descriptif et informatif, qui domine cet échange verbal, est aussi justifié par l’emploi du présent de l’indicatif qui domine le texte : « t’es » (r.1) ; « j’ai » (12 fois) ; « je reste » (r.11) ; « je suis », « je prends » (r.16), …etc.

Les pronoms personnels se limitent aussi au « je » et au « tu » avec absence du « vous » qui connote un degré élevé de formalité, ce qui montre que cette réunion est informelle. De plus au niveau lexical et phonétique, le lexique appartient au registre familier. Les filles usent d’un registre familier : « psycho » (r.7) ; « le truc » (r.11) ; « ouais » (r.27).

En définitif, le topic de l’emploi de temps universitaire mène à une discussion entre les trois filles, Elise, Béatrice et Marion. Cette discussion a permis à Elise de décrire et d’informer ses amies, suite à leurs questions, à propos des évènements routiniers de sa semaine.

 


 

Conclusion

En guise de conclusion, notons que les linguistes s’intéressent à la communication verbale, directe ou via les médias, puisqu’elle est la base fondamentale des relations sociales entre les humains. Afin de cibler leurs analyses, les linguistes comme Veronique Traverso et Catherine Kerbrat-Orecchioni cataloguent les interactions verbales sous quatre genres : « interaction de service », « interaction de travail », « interview », et « réunion », l’objet de notre étude. Chaque genre peut recouvrir plusieurs types de discours. Il serait intéressant de mentionner que cette distinction entre type et genre de l’oral imite celle mise en évidence dans les manuels scolaires et universitaires pour les textes écrits. Les genres de l’oral peuvent être classés suite aux critères externes et internes, propres à chaque genre. Dans notre étude, l’analyse a lieu concernant deux corpus que nous avons choisi pour faire valoir la présence pour le G1 réunion deux sous-genres : une réunion qui a lieu dans le cadre d’un travail professionnel et une réunion qui se fait entre trois amies. Cette analyse permet de montrer qu’une interaction verbale peut varier au niveau de son degré de formalité. Le degré de formalité dépend surtout du cadre de la réunion, plus particulièrement de la nature du format participatif. Si les participants entretiennent des relations professionnelles, dans le cadre de leur travail, la réunion est donc formelle. S’ils entretiennent des rapports non distants dans le cadre de l’amitié, de parenté, alors la réunion est informelle. Il est vrai que les critères externes et internes varient entre une réunion formelle et informelle. Dans une réunion informelle, nous ne pouvons pas récupérer tous les critères qui se trouvent au niveau d’une réunion formelle. Toutefois, la validation de quelques caractéristiques nous permet d’identifier qu’il s’agit toujours d’une réunion, qui diffère au niveau du degré de formalité. Les caractéristiques qui permettent d’identifier cet évènement de communication, peuvent être qualifiées de caractéristiques clefs et stables, comme le nominated Chair (absent ou présent), le changement de topics par le biais des Moves, le nombre des participants, pour les critères externes, et la tripartition séquentielle, pour les critères internes. Nous pouvons donc conclure que l’identification du type et genre de l’oral dépend des critères externes, qui désignent l’évènement de communication, et des critères internes, qui désignent les types de discours qui régissent cet évènement de communication, c’est-à-dire la structure stylistique de ce dernier. Il serait ainsi intéressant d’observer, dans une autre étude, les critères externes et internes qui permettent d’identifier une interview, et d’établir une analyse contrastive entre ces derniers et ceux d’une réunion, afin de montrer les points de convergences et de divergences compris entre ces deux genres de l’oral.


 

Références Biblographiques

-          Le cours de Phonétique donné au semestre 1 par Mme. Pascale Asmar en 2016-2017.

-          Ferdinand de Saussure, Cours de Linguistique Générale, Publié par Charles Bailly et Albert Séchehaye avec la collaboration de Albert Riedlinger, Edition critique préparée par Tullio de Mauro, Postface de Louis-Jean Calvet, Grande bibliothèque Payot, 1967, 1995.

-          Charaudeau Patrick, Maingueneau Dominique, Dictionnaire D’analyse Du Discours, Paris, Seuil, 2002

-          Le cours de Linguistique de L’oral expliqué par Madame Rita AbdelNour, en la première année de Master, 2019-2020.

Références sitographiques

-          Gueunier Nicole, L'oral et la recherche en sciences humaines et sociales, Y-a-t-il une linguistique de l’orale ?, France, p,37-48, in https://journals.openedition.org/afas/2685#ftn7

-          Avanzi Mathieu, Macro-syntaxe et pragmatique. L’analyse linguistique de l’oral, Actes du colloque international de Florence, 23-24 avril 1999, 2003. Scarano Antonietta (Dir.), Rome, Bulzoni editore, 358, in https://journals.openedition.org/lidil/158

-          Traverso Véronique, Les genres de l’oral : le cas de la conversation, Communication à la journée d'étude "Les genres de l'oral", Laboratoire GRIC, Université Lumière Lyon 2, 2003 (Kerbrat-Orecchioni C., Traverso V.), in https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01001725

-          Levinson Stephen C, Activity Types and Language, Article (PDF Available) inLinguistics 17(5-6), January 1979, in https://www.researchgate.net/publication/243779769_Activity_Types_and_Language

-          Modèle de Sinclair et Coulthard in http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2009.cross_d&part=230434

-          Bargiela-Chiappini Francesca,J. Harris Sandra, Managing Language: The discourse of corporate meetings, Amsterdam, Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, 1997, in https://books.google.com.lb/books?hl=en&lr=&id=GUtCAAAAQBAJ&oi=fnd&pg=PR1&dq=managing+language+the+discourse+of+corporate+meetings+&ots=pX_sPEEVk7&sig=u6vm-h-dls2ooeVwhhGztkaOTpo&redir_esc=y#v=onepage&q=the%20meeting%20as%20genre%20&f=true

-          Vion Robert, La Construction Interactive Des Discours de la Classe de Langue, L’analyse des interactions verbales, in https://journals.openedition.org/cediscor/349

-          Kerbrat-Orecchioni Catherine, Traverso Véronique, Types d'interactions et genres de l'oral, Langages, 2004/1, n° 153,  in https://www.cairn.info/revue-langages-2004-1-page-41.htm

-          Balthasar Lukas et Bert Michel, La plateforme « Corpus de langues parlées en interaction » (CLAPI), in https://journals.openedition.org/lidil/139#tocto1n1

Référence sitographique des deux corpus

-          Les pièces d'un hôtel (FOS), CLAPI-FLE, Vidéo transcrite in  http://clapi.ish-lyon.cnrs.fr/FLE/affiche_enregistrement.php?liste_extrait_encours=99&extrait_encours=99

-          L'emploi du temps universitaire, CLAPI-FLE, Vidéo transcrite in  http://clapi.ish-lyon.cnrs.fr/FLE/affiche_contexte.php?liste_extrait_encours=%2066&extrait_encours=%2066

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Table des Matières

Introduction. 1

I..... Les notions de type et genre entre discours écrit et discours oral 3

1.       Différence entre « type » et « genre » de discours écrit 4

2.       Différence entre « type » et « genre » de discours oral 5

II... La réunion : un genre spécifique de l’oral 8

1.       Définition de « réunion ». 8

2.       Caractéristiques de la réunion. 8

2.1       Critères externes de la réunion formelle. 9

2.2       Critères internes de la réunion formelle. 9

2.3       Critères externes d'une réunion informelle. 13

2.4       Critères internes d'une réunion informelle. 14

3.       Tableau comparatif entre G1 et G1’ 15

III. Analyse du corpus oral 18

1.       Présentation et transcription écrite du corpus. 18

2.       Analyse du corpus. 24

2.1       Analyse de la première réunion. 24

2.1.1. Analyse des critères externes de la première réunion. 24

2.1.2. Analyse des critères internes de la première réunion. 25

2.2       Analyse de la deuxième réunion. 28

2.2.1. Analyse des critères externes de la deuxième réunion. 28

2.2.2. Analyse des critères internes de la deuxième réunion. 29

Conclusion. 31

Références Biblographiques 33

Références sitographiques 33

Référence sitographique des deux corpus 34

 

Table des figures

Figure 1: Mouvements (structure ternaire IRF) et actes dans le modèle de Sinclair et Coulthard. 15

Figure 2: Modèle d'une réunion formelle. 17

Figure 3: Modèle d'une réunion informelle. 19

Figure 4: Comparaison des critères externes entre réunion formelle et réunion informelle. 21


 

 



[1] Les Principes Saussuriens tirés du cours de Phonétique donné au semestre 1 par Mme. Pascale Asmar en 2016-2017.

[2] La linguistique moderne est une expression employée pour désigner les principes et les théories de la linguistique générale, celle mise en évidence par F. De Saussure et qui s’opposent aux études de langages faites depuis l’Antiquité.

[3] Ferdinand de Saussure, « Objet de la linguistique » in, Cours de Linguistique Générale, Publié par Charles Bailly et Albert Séchehaye, coll. d’Albert Riedlinger, éd. Tullio de Mauro, Postface de Louis-Jean Calvet, Grande bibliothèque Payot, 1967, 1995, p. 24.

[4] Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau, Dictionnaire D’analyse Du Discours, Paris, Seuil, 2002, p.277-278.

[5] Loc.cit.

[6] Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau, op.cit., p, 592.

[7] Loc.cit.

[8] Loc.cit.

[9] Loc.cit.

[10] Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau, op.cit., p, 278.

[11] Loc.cit.

[12] Loc.cit.

[13] Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau, op.cit., p, 592.

[14] Ibid, p,278.

[15] Ibid, p,593.

[16] Voir Supra, Partie I,2.

[17] Ibid, p,279

[18] Ibid, p,594.

[19]Nicole Gueunier, L'oral et la recherche en sciences humaines et sociales, Y-a-t-il une linguistique de l’orale ?, France, p,37-48, in https://journals.openedition.org/afas/2685#ftn7

[20] Les relations macro-syntaxiques qui rendent compte de la cohésion de « longues productions orales et écrites », dans lesquelles de nombreux « compléments » et autres « propositions » ne sont pas, le plus souvent, régis par le verbe, mais en rapport d’interdépendance avec l’ensemble de la construction verbale., in,

Mathieu Avanzi, Macro-syntaxe et pragmatique. L’analyse linguistique de l’oral, Actes du colloque international de Florence, 23-24 avril 1999, 2003. Scarano Antonietta (Dir.), Rome, Bulzoni editore, 358 p., p. 201-205, in https://journals.openedition.org/lidil/158

[21] Véronique Traverso, Les genres de l’oral : le cas de la conversation, Communication à la journée d'étude "Les genres de l'oral", Laboratoire GRIC, Université Lumière Lyon 2, 2003 (Kerbrat-Orecchioni C., Traverso V.), p. 2, in https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01001725

[22] Le terme genre désigne des catégories comme le mythe, le conte, le proverbe, l’énigme, […] la conférence, la lettre, l’éditorial, etc. Cette notion de genre met en évidence des caractéristiques d’identifications qui seront traditionnellement reconnues, in, Ibid, p, 2,3.  

[23] Ibid  p, 2.

[24] Stephen C. Levinson, Activity Types and Language, Article (PDF Available) inLinguistics 17(5-6), January 1979, p,69 in https://www.researchgate.net/publication/243779769_Activity_Types_and_Language

[25] Loc.cit.

[26] Voire Infra, Partie I,2.

[27] Voir Supra, Partie II.

[28] Véronique Traverso, op.cit.,p,3.

[29]Loc.cit.  

[30] Loc.cit.

[33] Loc.cit.

[34] Ibid. p. 209.

[35] Ibid. p. 210.

[36] La définition du verbe « échanger », la base du mot « échange » selon le dictionnaire Le Robert Dixel : « adresser et recevoir en retour ».

[37] Nous proposons ce tableau récapitulatif du modèle de la réunion formelle.

[38] Loc.cit.

[39] Nous proposons ce tableau récapitulatif du modèle de la réunion informelle.

[40]Catherine Kerbrat-Orecchioni, Véronique Traverso, Types d'interactions et genres de l'oral, Langages, 2004/1, n° 153, pages 41 à 51,  in https://www.cairn.info/revue-langages-2004-1-page-41.htm

 

[41] Nous proposons ce tableau récapitulatif qui compare les critères externes entre réunion formelle et réunion informelle.

[42] La définition du mot « corpus » est tirée du cours de Linguistique de L’oral expliqué par Madame Rita AbdelNour, en la première année de Master, 2019-2020.

[43]Lukas Balthasar et Michel Bert, La plateforme « Corpus de langues parlées en interaction » (CLAPI), p,13-33, in https://journals.openedition.org/lidil/139#tocto1n1

[46] Voir Infra, I,2.

[48] Voir Infra, III,1,b,1, Première réunion : Les pièces d'un hôtel (FOS).

[49] Loc.cit.


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